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lundi 1 juillet 2013

Gestation stress et cerveau


Une nouvelle étude sur les agneaux, montre que la réduction du stress peut être d'une importance vitale pour le développement du cerveau du fœtus. Cette étude a été faite non-pas dans un labo mais dans une ferme dans des conditions réelles.Elle montre que le stress prénatal affecte le développement du cerveau de l'agneau.

Les chercheurs ont observé une altération structurelle dans les neurones impliqués dans :

- la régulation des émotions

- le comportement

- la conscience

Le stress prénatal chez les humains est associé au développement de troubles tels que: la dépression,la schizophrénie, trouble de stress post-traumatique .

Un grand nombre d'expériences en laboratoire sur des souris et des rats démontrent également que les événements stressants vécus par une femelle gestante peuvent produire une variété d'effets négatifs.

Parlons maintenant de l'expérience:

Durant leurs 6 dernières semaines de gestation, les brebis ont été séparées en 2 groupes.

Groupe 1: Interaction avec les humains survenant à des moments prévisibles, manipulation dans le calme, voix douce, pas de contact direct avec les yeux des brebis (il semblerait que le fait de regarder une brebis dans les yeux provoque du stress)

Groupe 2: manipulation a horaire imprévisible, mouvements erratiques, parler d'une voix forte regarder la brebis dans les yeux.

1 mois après la naissance des agneaux, les scientifiques ont étudié leurs cerveaux.

Les agneaux du groupe 2 ont montré des changements dans la structure des neurones dans les régions du cerveau impliquées dans la régulation des émotions et les processus cognitifs.Le développement différent de leurs cerveaux fait que ces agneaux peuvent répondre à des situations de stress différemment, ce qui pourrait avoir des effets plus néfastes.

Dans de précédentes études il a été montré que les agneaux dont les mères ont reçu des manipulations aversives tandis qu'elles étaient gestantes ont montré plus de craintes et leurs capacités cognitives étaient compromises.

"En ce moment, nous travaillons sur une étude qui permettra d'évaluer comment les agneaux sont affectés sur le long terme ".

Source: http://www.sruc.ac.uk/news/article/455/ground_breaking_study_finds_the_offspring_of_stressed_mothers_brains_develop_differently

Infanticide


Nous avons vu dans le précédent article que dans des conditions naturelles l'étalon était souvent un très bon père. Cependant de rares cas d'infanticides, ont été rapportés,(Feh 1990) pense qu'ils sont peut-être limités à de grands changements sociaux . Dans le milieu domestique les étalons et les hongres varient dans leur tolérance des poulains en particulier si ils n'ont jamais été élevés au sein d'un groupe social.

"Dans la majorité des cas d'infanticide documentés, il a été suggéré que ce n'était pas le père, mais plutôt un étalon indépendant qui a tué le poulain. Mais à la différence d'autres espèces comme les lions (Panthera Leo, Packer et Pusey 1983) ou l'ours brun (Ursus arcots,Swenson et al 1997)., le fait de tuer un jeune chez les équidés ne raccourcit pas l'intervalle reproductif. Ainsi l'étalon indépendant ne semble pas augmenter ses chances de reproduction en tuant un poulain non apparenté. Toutefois, le fait qu'un poulain soit tué peut se traduire par une meilleure condition physique de la jument et ainsi augmenter la probabilité d'une gestation réussie. Une autre explication pourrait être le niveau de testostérone élevé dans un harem nouvellement créé (McDonnell et Murray 1995, Sterregaard et al. 2002) et la réticence des juments à accepter un nouveau partenaire de reproduction. Les jeunes poulains pourraient par accident être impliqués dans des querelles et par la suite se faire blesser ou servir de "punching-ball" par un étalon temporairement agressif."

Source "Monitoring of agonistic behaviour and foal mortality  in free-ranging Przewalski’s horse harems in the  Mongolian Gobi"

Dans un article de "The horse" du 29 décembre 2008, un étalon qui n'était pas le père du poulain à essayer de l'attaquer, cependant, la jument s'est interposée et a défendu le poulain. Ce dernier s'en est sorti avec quelques plaies mineures et a continué sa vie sans problème.

Il reste difficile d'expliquer ce comportement, d'autres observations seront nécessaires avant que l'on puisse le comprendre pleinement.


Mode uni-parentale ? Et l'étalon alors ?


Un poulain n'est pas seulement élevé par sa mère, il est élevé par l'ensemble du groupe, ce qui inclut aussi l'étalon .

L'étalon a un rôle très important. Les poulains apprendront de l'étalon certains jeux de combat, une partie du répertoire de l'étalon... Ce sera aussi leurs première interaction avec un mâle, d'ailleurs ce dernier fera preuve de beaucoup de patience...

Tant l'étalon que la jument sont tolérant et protecteurs vis-à-vis des jeunes. Durant les 2 premières semaines le poulain reste près de sa mère, mais, si quelque chose venait à perturber le lien que la jument et son poulain sont en train de créer alors l'étalon pourrait montrer un fort comportement de protection envers le poulain. Il pourrait, par exemple, chasser les autres juments ou intrus qui s'approcheraient de trop près. Après les premières semaines, l'étalon joue un rôle de plus en plus actif dans l'éducation du poulain.
Il ramène auprès de leurs mères les poulains qui s"égarent, mais joue aussi occasionnellement avec eux, ce qui assure un bon développement des activités athlétiques, mais aussi une bonne condition physique...

Il apprend aux jeunes à communiquer de façon approprié avec les individus masculins mais pas seulement... les poulains peuvent venir voir de plus près différents comportements...il a été observé que les étalons attendaient qu'un poulain finisse une séquence sexuelle ( ex quand la jument est en chaleur, les poulains et les pouliches s'attardent sur la queue de la jument, mènent une investigation olfactive, lui monte dessus) avant de couvrir la jument. Ou parfois ces investigations ont lieu pendant que l’étalon est en train de couvrir la jument... ce qui prouve bien la patience des étalons qui s’avèrent en fait être de très bon pères.

Source : Sue McDonnell

La première tétée, un lien profond entre la mère et le poulain.


Il est tentant de venir aider le poulain à trouver les mamelles, cependant on risque à ce moment-là de perturber le lien qui se créer entre lui et sa mère.

Cela peut même avoir des répercussions sur les futurs comportements du poulain.

Une étude menée par des chercheurs français a montré que les poulains qui avaient été aidés (30 minutes après la naissance) avaient tendance à rester près de leurs mères et passaient moins de temps à jouer avec les autres poulains
Les chevaux qui n'avaient pas été aidés semblaient plus indépendants, plus joueurs, et n'hésitaient pas à quitter leur mère pour jouer et explorer leur environnement.
Il faut savoir que les poulains qui sont plus indépendants réagissent mieux aux nouveaux objets et aux nouvelles expériences quand ils sont plus âgés.
Lors de la manipulation des poulains (pour les aider à téter) les juments avaient tendance à être plus agitées. Cela a peut-être produit une réponse émotionnelle chez le poulain.

Aider un poulain à téter ne devrait pas être fait à la légère et de façon systématique.

Source: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17324081

Petite info: un poulain âgé de 3 jours pesant 50kg boit environ 12 à 15L de lait par jour. Plus il grandit plus ses besoins augmentent.

dimanche 30 juin 2013

Composition des groupes ?

Quand nous composons les groupes de chevaux, nous essayons de faire au mieux... Faut-il mettre toutes les juments d'un côté, tous les hongres de l'autre ? Les regrouper par âge ? Quelles sont les incidences ?

Groupe par sexe ?
Dans la première étude ci-dessus, portant sur la composition des groupes suivant les sexes et l'effet que ça pouvait avoir sur les agressions, les blessures... ils ont montré que "En conclusion, la composition par sexe ne semble pas avoir d'effet sur le niveau d'agression, d'espacement ou de blessures. Cependant l'expérience sociale des chevaux dès leur plus jeune âge, la gestion de l'alimentation et l'espace alloué représentent probablement des facteurs plus importants pour la réussite de la composition d'un groupe"

L'Âge ?
Si vous avez de jeunes chevaux, est-il mieux de laisser entre eux en groupe ou de les mélanger avec des chevaux plus âgés . Cette seconde étude ci-dessus (étude Française) met en avant le rôle des chevaux adultes dans la régulation des comportements sociaux des plus jeunes... La proportion de chevaux plus âgés dans le groupe affecte le développement social des plus jeunes "Cette étude démontre clairement à quel point le ratio d'adultes/ jeunes dans les groupes sociaux de chevaux est en corrélation avec les taux d'agression et de cohésion sociale. "Ces résultats mettent en évidence le rôle majeur des adultes afin de canaliser les comportements agressifs...mais ils suggèrent aussi fortement que l'influence des adultes dépend de leurs nombres."


Quel genre de groupe ?
Dans l'idéal , il faudrait se rapprocher de la structure sociale la plus répandue chez les chevaux vivant en liberté... Favoriser la mixité,pour que les poulains acquièrent les connaissances sociales suffisantes pour interagir avec un congénère du même sexe ou du sexe opposé de façon approprié...

Les liens entre les chevaux d'une même famille sont très fort aussi.

Les chevaux ont ce qu'on appelle un "pair bond" une sorte de meilleur ami qu'il garde souvent jusqu’à la fin de leur vie... 

Pour que le groupe ait une certaine stabilité il est nécessaire de ne pas le perturber par des changements trop fréquents (ajout d'un nouveau membre, retrait d'un autre, ) mais aussi comme il a été mentionné le management est primordiale : suffisamment d'espace, suffisamment de ressources si possible en libre accès (éviter de mettre l'eau dans un coin, les chevaux se désaltérant généralement en groupe, cela pourrait provoquer quelques incidents, un point d'eau supplémentaire est aussi conseillé)...

Source: Grouping horses according to gender  Adult-Young Ratio, a Major Factor Regulating Social Behaviour of Young: A Horse Study :http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0004888

Agir sur la mère pour éduquer le poulain ?


Une étude confirme l’intérêt d’agir sur la mère pour éduquer son poulain

Une étude présentée lors de la dernière Journée de recherche équine met en avant le rôle passif de la mère dans l’éducation du poulain par l’Homme. La réalisation des manipulations sur la jument pourrait faciliter leur acceptation par le poulain ainsi familiarisé et rassuré sur la tâche.


«Deux modalités sont possibles pour éduquer un poulain : la confiance ou la contrainte », a indiqué Carole Stankey, de l’UMRCNR éthologie-évolution-écologie de l’université de Rennes,lors de la dernière Journée de recherche équine, organisée parles Haras nationaux, le 8 mars, à Paris.

«Les poulains des juments manipulées de façon positive ont tous réussi dans l’apprentissage des tâches alors que ceux des juments qui ont fait l’objet de manipulations complémentaires contraignantes ont tous échoué.»

Pour évaluer les effets de la première méthode, celle qui mise sur la confiance, une étude a été réalisée sur 22 poulains, âgés de 1 à 6 mois, et a évalué l’impact de la démonstration sur leur mère pour l’apprentissage de quatre tâches courantes : mise du licol, marche en main, brossage, prise des pieds. Chez la moitié des poulains, un expérimentateur effectuait au préalable ces actions sur la mère en présence du poulain avant de les pratiquer sur le jeune équidé. L’autre moitié a servi de lot témoin, les tâches étant directement effectuées sur les poulains sans démonstration maternelle préalable.

L’expérience a suivi une chronologie logique : à 1 mois, pose du licol, à 2 mois, marche en main, à 3 mois, brossage et à 4 mois, prise des pieds. Pour chaque tâche, le poulain subissait un entraînement de 9 jours, sans manipulations forcées, par étapes progressives, puis faisait l’objet d’une évaluation le 10e jour. En cas d’échec, la tâche était imposée par la contrainte. Un test de mémorisation était effectué à la veille de chaque nouvel apprentissage.

Au vu des résultats observés dans les deux lots, l’intervenante a signalé « une proximité accrue et durable envers l’Homme des poulains ayant vu l’expérimentation sur leur mère ». En ce qui concerne la pose du licol et la marche en main, la proportion d’animaux chez lesquels la tâche a été réalisée avec succès au bout de 10 jours était également plus élevée dans le lot avec les manipulations sur la mère. Pour les deux autres tâches, la réussite a été de 100 % dans les deux cas.

Ces résultats confirment la difficulté de la première étape de l’apprentissage, la pose du licol, qui est la plus problématique.

Impact négatif des manipulations forcées

Carole Sankey a précisé que certaines juments avaient subi des interventions complémentaires, positives ou négatives, non prévues dans le protocole initial. Les poulains des juments manipulées de façon positive ont tous réussi dans l’apprentissage des quatre tâches alors que ceux des juments qui ont fait l’objet de manipulations complémentaires contraignantes ont tous échoué. « Les manipulations forcées sur la mère se traduisent négativement sur le poulain en entraînant méfiance et moins bonne mémorisation », a souligné la conférencière.

L’étude a également permis aux expérimentateurs de visualiser les effets néfastes de l’apprentissage par la contrainte. En effet, les poulains à qui on a imposé la pose du licol au 10e jour faute de réussite spontanée ont mis plus longtemps à mémoriser la tâche. Le temps d’approche du jeune animal a également été allongé.

« La démonstration sur le modèle maternel, surtout si les tâches sont difficiles, présente donc un intérêt », a conclu la conférencière.Cette observation est à double tranchant car l’expérience a montré que l’attitude de la mère vis-à-vis de l’Homme était susceptible de moduler ces effets.

Pour expliquer les résultats obtenus, Carole Sankey a émis deux hypothèses : soit le poulain a appris par l’observation, soit le comportement positif de la mère a permis d’instaurer une relation de confiance qui a conduit à l’acceptation spontanée
du contact sous toutes ses formes par le poulain.


Source
La dépêche vétérinaire N°951 du 25 août au 31 août 2007 Auteur Maud Lafon
Human–mare relationships and behaviour of foals toward humans: http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168159105000286