samedi 13 juillet 2013

Obéissons-nous trop bien ?


Dans le monde équestre, il n'est pas rare de voir des cavaliers user entre autres de violences physiques comme la cravache, stick, coups de pied ou bien de violences psychologiques comme le flooding (article flooding), privation, pour punir un comportement non désiré de leurs chevaux. De nombreux cavaliers se sont sentis mal à l'aise la première fois qu'ils ont dû employer ces méthodes coercitives. Cependant, très peu de personnes se sont opposés à ce genre de traitement, une petite partie quitte les lieux, d'autres essayent des méthodes alternatives, mais se font rejeter par cette communauté. Bien que certaines de ces méthodes soient considérées comme étant non éthique, cruelle et risquée une grande majorité continue de les utiliser et les ont même transmises à leur tour à la génération suivante.

On peut alors se demander pourquoi les gens ont utilisé de tels traitements malgré que ça semblait aller à l'encontre de leurs valeurs personnelles . Bien que nous vivions dans un monde où il est naturel d'utiliser le renforcement négatif et les punitions, l'expérience de Milgram pourrait dans ce cas nous fournir une possible explication. Cette expérience a été réalisée entre 1960 et 1963 par le psychologue Américain Stanley Milgram.( l’expérience de Milgram) pour cette expérience, des personnes ont été recrutées par annonce publique pour participer à une étude portant sur l'efficacité des chocs électriques pour améliorer l'apprentissage.

Elle implique le plus souvent 3 personnages :

- l'expérimentateur : représentant officiel de l'autorité donnant des ordres à l'enseignant 

- l'enseignant : sujet de l'expérience qui croira donner des chocs électriques de plus en plus puissant a l'élève en cas d'erreurs.

- l'élève : (acteur se faisant passer pour une personne qui a répondu également à l'annonce et qui travaille avec l'équipe scientifique): devra mémoriser des listes de mots et fera semblant de recevoir des décharges électriques de plus en plus fortes en cas d'erreurs.

Les réponses aux chocs sont simulées par l'élève, et sa douleur évolue suivant le voltage.À 135V quand l'élève hurle, certains sujets ont commencé à poser des questions sur cette expérience. Mais comme ils furent assurés qu'ils ne seront en rien responsables des conséquences, la plupart ont continués. Si jamais ils exprimaient l'idée d'arrêter l'expérience, l'expérimentateur usait de son autorité en utilisant des injonctions de plus en plus fortes.Si malgré ces 4 injonctions le sujet souhaitait s'arrêter alors l'expérience était terminée. Sinon, elle prenait fin quand la décharge maximale de 450 volts était administrée .

Milgram s'attendait à ce que seulement très peu de personnes dépassent les 300V (3%). Cependant, 65% des participants ont été au bout de l'expérience administrant les 450 V


Notre société actuelle est basée sur des règles que nous devons suivre et à des lois auxquelles nous devons obéir . L'obéissance est la clé. Les punitions, nous montrent qu'on ne défie pas l'autorité sans conséquences. Lorsqu' un cavalier découvre l'équitation il apprend qu'il y a des règles, et des exigences situationnelles. Si le cheval refuse d'effectuer un comportement, le moniteur va demander au cavalier d'être de plus en plus sévère, par exemple si le cheval refuse d'avancer, on serre les jambes, puis coup de talon puis coup de cravache. Au moment de donner le premier coup de cravache, certaines personnes demandent si ça ne va pas faire mal au cheval.(À savoir : les chevaux sont des animaux qui ne poussent pas de cris ou de gémissements de façon semblable aux chiens ou à l'homme, en tant qu'humain un stress qui induit des sons vocaux, est souvent un indicateur primaire pour évaluer la souffrance animale. ) L'enseignant répond le plus souvent que c'est une nécessité, ou qu'il n'a pas le choix, allant même jusqu'à dire que le cheval a pris la décision de refuser l'ordre et qu'il sait qu'il s'expose à une punition, afin de persuader l'élève. Le novice va alors rentrer dans un état dit agentique, c'est-à-dire une fois qu'une personne est insérée dans un système ou quelqu'un qui a un statut supérieur lui donne des directives, la personne se voit alors comme un instrument qui se comporte comme elle croit que le moniteur veut qu'elle se comporte et du coup elle ne se sent plus responsable de ses actions. Elle se dédouane de la responsabilité de sa décision sur un élément extérieur. Milgram démontra que tout individu peut commettre la pire atrocité quand l'autorité qui lui ordonne de le faire est à ses yeux légitime.


Dans les loisirs on aurait pu s'attendre à plus de désobéissance puisqu'il n'y a pas de répression Dans une alternative de l'expérience de Milgram si l'expérimentateur n'était pas présent, seul 20% des gens allaient jusqu'au choc maximal des 450 V. Cela montre que le respect de l'autorité en qui ils ont confiance est très importante. De plus dans ce milieu, il est commun de voir autour de soi de telles pratiques, ce n'est pas seulement l'instructeur, mais les autres personnes qui pratiquent ce sport qui agissent ainsi. Cette pression de groupe rend la situation inconfortable. L'homme a ce besoin d'appartenance à un groupe (nous sommes des êtres sociables fait pour vivre en groupe) il a cette volonté de se conformer au groupe pour éviter une isolation sociale Et selon la théorie du conformisme d'Asch (expérience de Asch) il s'avère que très souvent les gens vont suivre le groupe, même si on n'est pas forcément d'accord avec eux, car il est difficile de tenir seul face à un groupe avec une opinion contraire. Sans compter qu'un cavalier novice, qui n'a aucune idée sur comment réagir à la situation, doutera facilement de lui-même et généralement l'unanimité d'un groupe d'individus plaide en faveur de l'exactitude de l'opinion exprimée .

Exprimer son désaccord face à de telles pratiques, peut donner un modèle aux autres personnes, qui peuvent à leur tour exprimer leur désaccord

Dans une autre alternative de l'expérience de Milgram si 2 autres enseignants (les sujets de l'expérience) se rebellaient alors seulement 10% d'entre eux allaient jusqu'aux 450 VS. Si cette désobéissance se propage, alors les entraineurs et autres professionnels seront obligés de proposer une alternative plus éthique.

La désobéissance est un acte individuel, mais elle permet la désobéissance collective.

1 commentaire: