En 2008 L'AVSAB ( American Vetenary Society of animal Behavior) a fait une annonce , elle concerne principalement les chiens mais aussi les autres animaux, dont les chevaux. Pourtant elle est encore d'actualité.
« L'AVSAB est préoccupée par la récente réémergence de la théorie de la dominance, forcer les chiens et les autres animaux dans la soumission en tant que moyen de prévenir et de corriger les problèmes de comportements. Pendant des décennies, l'entraînement traditionnel des animaux s'est appuyé sur la théorie de la dominance et a supposé que les animaux se conduisent mal, principalement parce qu'ils veulent obtenir un grade supérieur dans la hiérarchie. Cette idée conduit souvent les entraineurs à croire que la force ou la contrainte doivent être utilisées pour modifier ces comportements indésirables.
Dans les dernières décennies, notre compréhension de la théorie de la dominance et du comportement des animaux domestiques et de leurs homologues sauvages a considérablement augmenté, menant à une mise à jour. Pour comprendre comment et s'il faut appliquer la théorie de la dominance aux comportements des animaux, il est impératif, d'avoir une connaissance basique de ces principes »
Voici un cas typique de cette réémergence, je me suis baladée dernièrement sur quelques forums équins. Quand certains cavaliers ont des difficultés avec leurs chevaux, comme un cheval qui vous marche dessus, se cabre etc. on peut lire alors « tu dois montrer qui est le chef, ton cheval te domine, enseigne lui le respect, il faut rétablir la hiérarchie, et j'en passe... Dominance, Leader, malheureusement ces termes ont une signification différente selon la personne qui les utilise, et cela peut devenir très déroutant.
En tant qu'humain le mot leader est synonyme de la personne qui a le plus de pouvoir, qui domine, pour faire simple celle qui contrôle les autres. Cependant ces mots prennent un tout autre sens, dans la bouche des éthologues. Le leader, est l'animal qui a le plus de connaissance dans le groupe, celui qui connaît les endroits les plus sûrs, où se trouve la nourriture et l'eau quand les ressources viennent à manquer etc. Par contre la dominance et la soumission décrivent les interactions entre chaque animal dans un contexte particulier à un moment donné.
Définition de la Dominance
La dominance est définie comme une relation entre des animaux de façon individuelle qui est établie par la force / agression (menaces) et la soumission, afin de déterminer qui a un accès prioritaire aux multiples ressources comme la nourriture,lieux de repos préféré , et l'accouplement.(Bernstein, 1981; Drews, 1993).
Une relation dominant/soumis n'existe pas jusqu'à ce qu'un individu se soumet de manière cohérente.
Nous avons ici la définition de la dominance, ce qui est important dans ce texte : déterminer qui a un accès prioritaire aux multiples ressources . Il faut savoir aussi que le système de dominance circulaire est commun chez les chevaux. La dominance chez les chevaux n'est pas linéaire, A peut dominer B, B dominer C mais C dominer A.(Houpt et al., 1978) . À noter aussi que les chevaux préfèrent de loin éviter les conflits, ce qui en fait un meilleur système de mesures social que les agressions.(Fraser 1992)
L'AVSAB poursuit:
"dans notre relation avec nos animaux de compagnie, un accès prioritaire aux ressources n'est pas la plus importante inquiétude. La majorité des comportements que les propriétaires veulent modifier ne sont pas liés aux ressources et peuvent même ne pas impliquer l'agression...
Les propriétaires veulent que leurs animaux effectuent ce qu'ils demandent, atteindre une sorte d'harmonie, que leurs chevaux fassent les choses volontiers... donc ici il n'y a pas de position dominante à vouloir acquérir.
L'utilisation de la punition, peut supprimer l'agression sans aborder la cause sous-jacente. Parce que la peur et l'anxiété sont une cause commune de l'agressivité et des autres problèmes de comportement, le recours aux châtiments peut directement exacerber le problème en augmentant la peur ou l'anxiété de l'animal (AVSAB 2007).
Les gens qui comptent sur la théorie de la dominance pour éduquer leurs animaux de compagnie peuvent avoir besoin régulièrement de les menacer en affichant de l'agressivité ou à plusieurs reprises recourir à la force physique. Inversement, les animaux soumis à des menaces ou à la force, peuvent ne pas offrir des comportements de soumission. Au lieu de cela, ils peuvent réagir avec agressivité, non pas parce qu'ils essaient d'être en position dominante mais parce que les menaces de l'homme leur font peur.
Troisièmement, à l'état sauvage, même dans les relations Dominantes/Dominées qui sont bien établies, la relation ne dure que tant que l'individu qui a le plus haut rang est suffisamment fort pour conserver ce rang.
Dans l'ensemble, l'utilisation de la théorie de la dominance afin de comprendre les interactions humaines-animales conduit à une relation antagoniste entre les propriétaires et leurs animaux."
L' AVSAB souligne que" la norme de soins pour les vétérinaires spécialisés dans le comportement est que la théorie de la dominance ne doit pas être utilisée comme un guide général pour la modification du comportement. Au lieu de ça, l'AVSAB souligne que la modification du comportement et l'entrainement devraient mettre l'accent sur le renforcement des comportements souhaitables, en évitant le renforcement de comportements indésirables, et en s'efforçant de répondre à l'état émotionnel et aux motivations sous-jacentes, y compris les facteurs médicaux et génétiques , qui conduisent à ces comportements indésirables"
Comment le leadership diffère de la dominance
L' AVSAB précise que "la dominance et le leadership ne sont pas synonymes. Dans les aspects humains liés à la gestion d'entreprise et la sociologie, où le leadership est longuement étudié, le leadership est défini au sens large par certains comme «le processus d'influences d'activités d'un individu ou d'un groupe pour atteindre un certain objectif dans une situation donnée »(Dubrin 1990, dans Barker 1997).
Malgré cette définition, qui inclut une influence par la contrainte, des chercheurs dans ces champs d'investigations déconseillent l'usage de la contrainte et de la force pour tenter d'obtenir la première place (Benowitz, 2001).
La contrainte et la force génèrent une résistance passive, qui tend à exiger une pression continuelle et des instructions de la part du leader, et n'est généralement pas une bonne tactique pour obtenir les meilleures performances d'une équipe (Benowitz 2001). En outre, ces gestionnaires qui règnent par la force la coercition (la capacité de punir) génèrent le plus souvent une résistance qui peut amener les travailleurs à éviter délibérément l'exécution des ordres ou de désobéir aux ordres (Benowitz, 2001)."
Points-clés:
Malgré le fait que des avancées dans les recherches du comportement ont modifié notre compréhension des hiérarchies sociales chez les loups, de nombreux éducateurs d'animaux continuent de fonder leurs méthodes d'entrainement sur la vision dépassée de la théorie de la dominance. (Reportez-vous aux mythes concernant la domination et le comportement du loup qui se rapporte aux chiens) ?
La position dominante est définie comme une relation entre les animaux qui est établie par la force / agression (menaces) et soumission, pour déterminer qui a un accès prioritaire aux multiples ressources comme la nourriture, aires de repos préférés, et accouplement (Bernstein, 1981; Drews, 1993).
L' AVSAB recommande que les vétérinaires n'envoient pas les clients à entraineurs ou consultants du comportement qui coach et défendent la théorie de la dominance hiérarchique et la suite de confrontations qui en découle
Au lieu de cela, l'AVSAB souligne que l'entrainement des animaux, les stratégies de prévention des comportements, et des programmes de modification du comportement devraient suivre les lignes directrices scientifiques du renforcement positif, du conditionnement opérant, du conditionnement classique, de la désensibilisation, et du contre-conditionnement .
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