dimanche 30 juin 2013

Mise en garde clicker training

Je suis une fervente "défenseuse" du renforcement positif, il m'arrive d'utiliser le clicker training, cependant dire/croire que c'est parce qu on utilise le clicker que tout devient positif, beau et rose, eh bien c'est un pas que je ne franchirai pas... Voici la traduction partielle (il y a toujours des parties ou on adhère plus ou moins  ) d'un article qui justement nous met en garde contre certaines croyances. Il écrit par Catherine Bell vous pouvez le trouver en Anglais ici :http://www.network54.com/Forum/235380/thread/1358878152/last-1358878152/What+is+Clicker+Training+Actually+Good+for

"Le clicker training est l'une des réussites récentes de l'équitation. Un signal est utilisé pour indiquer le moment du comportement désiré, suivi par un renforcement positif. On nous dit que l'entraînement avec le renforcement positif est plus éthique que l'entrainement avec le renforcement négatif et / ou la punition. On nous dit que le renforcement positif active les circuits du plaisir du cerveau, libérant la dopamine de manière totalement distincte des régions activées par des techniques de pression et de relâchement de la pression...


Tout d'abord, il y a la perception que l'entraînement au clicker ne peut être que positif. Nous donnons au cheval une friandise ce qui est mieux que de ne pas avoir de friandise. Par conséquent, c'est bien. C'est une vision un peu simpliste. Les chaines de réponse/ stimulus Skinnérienne ne tiennent pas compte de quoi que ce soit dans la vie du cheval, ni de son environnement. En fait, Skinner semble même nier le fait qu'ils étaient pertinents. Si un cheval fait la grimace quand vous le seller, vous pouvez l'entrainer avec le clicker à faire un visage heureux à la place. Si un cheval ne reste pas immobile dans son écurie, vous pouvez l'entrainer à l'aide d'une cible à se tenir immobile pendant que vous lui faites des choses. Vous pouvez lui apprendre à adopter des postures de dressage. Vous pouvez lui apprendre à se déplacer à des allures qui nécessiteraient un entrainement plus poussé, si c’était enseigné conventionnellement. Vous pouvez lui apprendre à ne pas répondre à toutes sortes d'objets effrayants. Vous pouvez même l’entraîner à se coucher, puis à vous coucher sur lui et ainsi prendre une belle photo pour votre site web. Et bien plus encore ...


Le problème est qu'aucune de ces situations d'entrainement ne prennent en compte les causes sous-jacentes du comportement. La selle mal ajustée peut être la cause de la douleur. Le cheval à l'écurie se sent inquiet au sujet de son voisin de box. Il peut ne pas avoir la musculature nécessaire pour adopter les positions demandées ou effectuer des mouvements avancés. Il peut apprendre à tolérer les objets effrayants mais que faire si sa peur d'eux est encore plus grande que le plaisir des friandises? Et le faire coucher, c'est très bien s'il veut le faire, mais qu'en est-il lorsque le sol est dur ou s'il y a quelque chose aux alentours qui signifie qu'il ne devrait plutôt pas se coucher?

Mais les chevaux ne le feraient pas s'ils ne le voulaient pas?
Voici la question sempiternelle . Cela a été (et est) dit des chevaux de course, des chevaux de CSO, des chevaux d'école, des chevaux entraînés avec des techniques d'équitation naturelle et même pour le processus de domestication initiale, il y a environ six mille ans. Bien sûr, ces formes d'équitation comprennent toutes des stimuli aversifs, physiques et émotionnels, qui offrent un certain niveau de menace pour le cheval - "choisis de faire ce que je dis, sinon". Ainsi, le cheval s’exécute, semble-t-il volontiers, et le stimulus aversif peut rester invisible pour tous, même à l'observateur le plus perspicace.

Le clicker training est différent parce que nous offrons quelque chose d'agréable pour le cheval. Nous sommes absous de toute culpabilité. Ou le sommes-nous? Les chevaux domestiqués ont passé leur vie à répondre à nos souhaits et ils continuent de le faire quand nous prenons un clicker. Les règles peuvent avoir changé et l'on peut permettre au cheval d'offrir un comportement avant de confirmer que c'est le comportement correct, mais c'est toujours l'homme qui décide si le comportement est correct. Nous voulons que le cheval choisisse d'offrir un comportement spontanément, mais ça doit être le «bon comportement» - ces messages contradictoires donnent beaucoup de pression émotionnelle à un animal qui a déjà été si bien conditionné à faire comme ce qui lui a été appris. C'est comme avoir une «pensée créative» ou un «apprentissage autonome» assortis de délais à l'école (comme cela se produit en effet ces jours-ci), comme si l'autonomie peut être allumée et éteinte. Les bons entraineurs qui savent comment utiliser les programmes de renforcements sont alors en mesure d'extraire de plus en plus de comportement en échange de la récompense. Ce "brave nouveau Monde" dans l'entraînement des chevaux peut souvent se montrer aussi aveugle à ce que le cheval aurait vraiment choisi.

Et puis nous avons la répétition. Juste au cas où le cheval ait un doute quant à savoir qui prend les décisions, certains entraîneurs semblent éprouver le besoin d'entrainer un comportement encore et encore. On semble arriver à un moment où aucun circuit du plaisir n'est déclenché dans le cerveau par les friandises, et n'est plus que compensé que par des comportements conflictuels vus chez le cheval - la frustration et l'agression, la surexcitation sexuelle, l'ennui, la suppression conditionnée, l'inquiétude. Et la raison de cette répétition est généralement perçue par la nécessité pour que le cheval réponde «moins émotionnellement" ou plus "proprement". Donc, notre objectif est devenu quelque chose qui s'approche dangereusement du cheval qui s'éteint, d'un automate, c'est ce que nous avons justement essayé de mettre de coté en nous éloignant des méthodes d'entrainement les plus aversives. Alors que se passe-t-il?

Le problème avec l'entraînement au clicker est que c'est incroyablement puissant. Le problème avec les chevaux, c'est que la plupart d'entre eux sont très dociles parce qu'ils veulent éviter les conflits. Il est très facile d'évoluer par inadvertance d'un entraîneur novice en clicker, qui veut aider son cheval à devenir plus enthousiastes et à avoir une vie plus enrichie, à un entraîneur en clicker plus avancé qui est à la recherche de la perfection et du contrôle et qui a un peu oublié pourquoi il a commencé le clicker training en premier lieu. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui entraîne activement son cheval au clicker parce que c'est un bon moyen d'exercer son autorité. Pourtant, c'est souvent comme ça que les choses deviennent. Ce désir de devenir un entraineur accompli, meilleur, ne peut pas nous mettre sur la voie de ce qui est important pour le cheval. Oui, avec clicker dans une main et des friandises dans l'autre, nous pouvons obtenir un contrôle excessif, des stimuli aversifs qui sont actifs quoique par inadvertance, travaillent vers une réduction de l'autonomie de nos chevaux et, par conséquent, de leur bien-être.

En dépit de toutes ces préoccupations, j'apprécie vraiment le clicker training et je serais ravie de le voir repris par plus de gens. Le renforcement positif (avec ou sans clicker) nous permet d'interagir avec les chevaux d'une façon qui ne se rapproche d'aucune autre méthode d'entrainement, même de loin. Mais pour exploiter cet énorme potentiel, nous avons vraiment besoin de changer notre objectif. Nous devons commencer à nouveau et regarder ce qui nous a attirés vers le clicker training en premier lieu.
Lorsque nous sommes engagés dans une session de free shaping nous transmettons un message très puissant au cheval. Nous lui disons qu'il peut choisir de participer ou non (encore mieux si la session se passe dans un pré ainsi de l'herbe est toujours disponible comme une alternative à l'entrainement). Nous disons qu'il peut gagner des récompenses ou choisir de ne pas gagner des récompenses et que rien de mauvais va se passer, selon l'option qu'il choisit. Nous disons que nous allons respecter les décisions qu'il prend, plutôt que d'essayer de trouver d'autres moyens pour qu il s'exécute. Quand le cheval choisit de dire «non» ce n'est pas une insulte à notre entrainement ou à notre relation. Cela peut être un signe qu'il est en bonne santé psychologique et qu'il se sent suffisamment en sécurité dans sa relation avec le propriétaire pour dire «non».
Après avoir passé des années à être conditionné à faire ce qu'on lui dit, apprendre qu'il peut choisir de faire où ne pas faire quelque chose est incroyablement libérateur. Quand nous tournons le clicker training en quelque chose d'autoritaire et plein de restriction, nous perdons l'élément le plus éclairé de celui-ci - la possibilité de rétablir l'autonomie du cheval. C'est là que l'entraînement au clicker présente des avantages dans sa capacité à augmenter le bien-être; toute technique qui utilise la pression le relâchement de cette pression (confort inconfort) ne peut pas augmenter un sentiment d'autonomie.

J'en suis venu à croire que l'autonomie est peut-être le cadeau le plus bénéfique que nous pouvons intégrer dans notre entrainement. Lorsque l'entrainement par le renforcement positif devient matière à contrôler et à manipuler, ça érode l'autonomie et diminue la valeur de la récompense - il devient un signal empoisonné en lui-même. Les chevaux ont évolué pour prendre de nombreuses décisions pour eux-mêmes - l'idée erronée que la majorité des chevaux suivent aveuglément un leader est dépassée - et il n'y a aucune raison pour que cela est changé au cours de la période relativement brève de la domestication. Pourtant, la grande majorité des chevaux domestiqués n'ont rien à dire sur ce qu'ils font, quand ils sont nourris avec un régime alimentaire à des moments précis et n'ont aucun choix sur leurs compagnons. En effet, la manière dont la plupart des chevaux sont gérés est contraire aux besoins éthologiques les plus élémentaires de leur budget temps.

Le free shaping, permet au cheval de se comporter de la manière la plus ouverte et honnête, plutôt que d'essayer d'éviter la pression. Il s'agit d'un moyen de communication, une communication bidirectionnelle, par opposition à l'entrainement traditionnel. Par conséquent, nous avons un plus grand aperçu sur comment le cheval peut penser. Nous pouvons utiliser ces informations pour améliorer la vie du cheval - nous pouvons apprendre sur sa façon d'apprendre, ce qu'il aime et n'aime pas, comment il apprécie les choses, ce dont il a peur. Nous pouvons appliquer ces informations à toute forme d'équitation - pas pour l'exploiter et le manipuler mais pour ajouter de la valeur et réduire les conflits.

Je crois fermement que cette approche de l'équitation est analogue à certaines des méthodes utilisées en psychothérapie humaine, plus particulièrement, la thérapie centrée sur la personne mise au point par Carl Rogers (par exemple, On Becoming a Person). il y a aussi une belle description d'une telle thérapie appliquée à un garçon de six ans, considéré comme mentalement déficient, mais à qui on a donné la possibilité de développer une relation positive en jouant avec la thérapeute, Virgina Axline, et le transformer en garçon très intelligent et avancé qu'il était (Dibs: In Search of Self). Ce livre montre le pouvoir du free shaping en action et est remarquable pour plusieurs raisons, notamment parce que la thérapie a eu lieu seulement une heure par semaine avec le garçon qui retournait à une vie familiale aversive entre les consultations. Rogers croyait que la relation thérapeutique dépendait de trois facteurs principaux - la compréhension empathique, l'authenticité et le regard positif inconditionnel. Alors que ses premiers travaux ont étudié la relation entre le thérapeute et le client, il l'a étendu plus tard a, à peu près toutes les relations. Je ne vois pas pourquoi cela ne devrait pas s'appliquer à la relation homme-cheval. Travailler avec un cheval qui a des problèmes requière ces trois mêmes attributs - une compréhension de la façon dont ce cheval peut se sentir, la patience de permettre au cheval de se comporter de la façon dont il a besoin de se comporter sans essayer de le manipuler ou de créer un ordre du jour et respecter et apprécier chaque essai que le cheval fait. Je pense qu'il est juste de dire qu'aucune discipline équestre n'a mit ces points fondamentaux au cœur de la relation homme-cheval. Pourtant ..."

1 commentaire:

  1. Merci pour la traduction de cet article. Il ouvre sur une autre vision du clicker à laquelle on ne pense pas forcément. Je vais regarder les autres articles que vous avez écrits

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